Le Monopoly des inégalités à Saint Stan
Mercredi 10 décembre les élèves de Première F ont vécu l’expérience de l’inégalité des chances à travers le jeu du « Monopoly des inégalités » animé par l’Observatoire des inégalités.
Le CDI était aménagé en 5 tables de jeu où les groupes ont été constitués pour un temps d’échange puis de jeu conclu par un temps de partage des expériences vécues.
Un premier temps de dialogue, animé par Constance Monnier, a permis de définir le terme d’ «inégalités» et de le distinguer de celui de «différences» puis les règles du jeu ont été expliquées.
Surpris, les élèves ont reçu des personnages qui n’avaient pas le même salaire mensuel, le même patrimoine, le même genre, les mêmes origines, les mêmes catégories sociales, les mêmes handicaps. Ils ont donc commencé à jouer avec certaines règles qu’ils considéraient comme injustes et sont tombés sur des aléas de la vie permettant d’avancer, de stagner ou de reculer. Certains ont pu acheter la rue de la Paix quand d’autres ne pouvaient pas plus que la rue de Belleville. Certaines ont été freinées par un congé de maternité quand d’autres ont été handicapés par un accident de la route. D’autres ont pu investir après avoir hérité de leur grand-père doublant ainsi leur patrimoine. Certains ont payé des contributions importantes quand d’autres en étaient exemptés…
Au bout de 45 minutes d’un jeu enthousiaste qui laissait entendre des : «c’est pas juste !» «Je suis en train de perdre !» «J’arrive pas à m’en sortir !» «vas-y t’es trop riche !», nous nous sommes réunis en cercle pour échanger autour des émotions vécues par les élèves.
Chaque groupe de jeu devait avoir déterminé qui était son gagnant.
- Pour certains ce furent les plus riches en valeur monétaire et patrimoniale.
- Pour d’autres les plus riches en retirant le patrimoine de départ.
- Pour d’autres encore, ceux qui ont fait la plus forte ascension économique.
Selon les critères choisis ce n’étaient pas les mêmes catégories qui avaient été favorisées par le jeu.
L’animatrice a traduit leurs propos par la maxime que « réussir sa vie ne correspondait pas aux mêmes critères et mêmes objectifs pour tout le monde ».
Les élèves ont partagé que les catégories A, c’est-à-dire supérieures, avaient plus de chance de gagner mais que l’évolution des catégories C, c’est-à-dire moins favorisées était parfois fulgurante.
Puis les échanges ont porté sur le thème de la redistribution : certains l’ont trouvée trop chère et n’ont pas eu accès à l’évasion fiscale qui était rendue possible uniquement par un passage sur une gare. D’autres joueurs ont réagi sur le fait que sans cette redistribution ils n’auraient pas pu avoir une telle ascension.
Certains élèves ont témoigné du poids des handicaps cumulés, quand d’autres ont parlé des accidents de la vie comme le chômage qui avaient freiné leur ascension.
Les notions de « privilèges » qu’ont certaines personnes par leurs accès à certains biens et services et notions de « difficultés cumulatives » ont été partagées.
Des questions civiques ont émergé : quel est le sens de ma participation à la redistribution ? Mon désir est-il d’être le plus riche ? ou bien d’avoir ce qu’il me faut pour bien vivre tout en participant à l’ascension des autres pour plus d’égalité ? Quel est le rôle de l’État dans cette quête d’égalité entre les citoyens ?
Certaines âmes de Robin des Bois se sont révélées lors de cet échange passionnant qui soulève de vraies questions de société dont les élèves étaient contents de prendre conscience et de pouvoir débattre.
Témoignages.
« Ce jeu représente très bien la réalité. Notamment avec les cartes évènements sont des trucs qui arrivent dans une vie d’adulte et qui peuvent changer beaucoup de choses, comme les promotions ou alors les malus qui font avancer ou reculer ». G
« Ça nous a montré des inégalités dont on ne se rendait pas forcément compte. De plus c’était ludique ce qui rendait le sujet super intéressant ». P
« Je ne pensais pas que certaines inégalités étaient aussi fortes. Là on a pu voir que c’était parfois très compliqué de s’en sortir. On le vivait car il fallait que nous soyons dans la peau du personnage ». E
« C’était super enrichissant car cela nous a montré les trois grandes inégalités en France, raciales, de genre et salariales et cela nous a fait un bel ensemble de façon ludique ». M
« Cela nous donne envie d’agir, même si à notre échelle on se sent impuissants, mais cela nous donne de la compassion pour des personnes qui partent avec moins de chance dans la vie » P.
« On a de la chance d’être dans une société qui évolue rapidement et dont les inégalités peuvent bouger » M.